Exemple d'une pédagogie de projet: le film d'animation

Pourquoi ce projet ?

L’année dernière, j’ai eu la chance de pouvoir suivre ma classe en CM2. Je connaissais donc tous les élèves : leurs compétences dans les différents domaines étudiés en classe avec leurs points forts et leurs points faibles et ceci dès la rentrée. Ayant travaillée avec eux la bande dessinée en CM1, je suis repartie des connaissances acquises l’année précédente pour la réalisation du projet de classe : réalisation de petits films d’animation illustrant des chansons traditionnelles françaises.

L’idée de proposer aux élèves de faire des films d’animation m’est venue tout naturellement  car je n’en avais jamais réalisé auparavant. En effet, à mon sens,  il est important d’apprendre en même temps que ses élèves. Si on connaît parfaitement tout ce qu’il faut faire pour la mise en place d’un projet, le piège est de ne pas laisser les enfants acteurs de celui-ci. On risque de les guider avec trop de précision lorsque l’on en connaît l’aboutissement. De plus, il est très agréable de se laisser surprendre par les idées des élèves, de prévoir avec eux l’organisation des étapes une fois le projet établit et de découvrir le résultat final sans apriori.

Il fallait également que ce projet est du sens pour les enfants en s’inscrivant dans une action d’ouverture vers les autres. Je leur ai donc proposé de réaliser un véritable DVD pour les enfants de grande section de l’école maternelle de notre quartier. Ces enfants arrivant en CP dans notre école à la rentrée prochaine, cela serait un moyen de les accueillir tout en douceur. Des rencontres régulières pour chanter ensemble et une petite fête de fin d’année réunissant tout le monde pour la projection des petits films ont été prévu très rapidement pour finaliser le travail de tout une année.

  
  Sa mise en œuvre 

 1^ère étape

 Après la proposition de travailler autour des chansons traditionnelles françaises, il a fallu faire un état des lieux de celles connues par les enfants. Beaucoup d’élèves ne connaissaient que l’air de certaines chansons, les paroles étant oubliées voir jamais apprises.

 Pour cela, une liste très complète leur avait été donnée sous forme de tableau. 

Très vite, une réunion a été organisée avec les parents pour leur expliquer le projet et notre participation au concours Récréa’Caf pour le financement.

Ce concours organisé par la caisse des allocations  familiales des Hauts-de-Seine permet d’obtenir jusqu’à 2000€. Pour cela, il faut remplir un dossier précisant les objectifs du projet qui sera présenté ultérieurement à un jury en décembre. Il doit obligatoirement envisager un travail en partenariat avec les parents, s’ouvrir aux autres, comme les autres enfants de l’école par exemple  voir même les habitants du quartier. Il est nécessaire également de trouver des partenaires comme la municipalité, des sociétés qui pourront apporter aide, contribution financière, matérielle…

Lors de cette réunion, des parents se sont proposés pour apporter leur aide et c’est à ce moment que le projet a pris de l’ampleur. Un père d’élève, passionné de montages vidéos, a accepté de réalisé tous les montages gracieusement pour la classe. C’est avec lui que le calendrier a été fixé, en plus de celui de Récréa’Caf, pour avoir les DVD en temps et en heure fin juin.

D’autres parents, se sont chargés de nous trouver des partenaires et afin de finaliser le financement, des ventes de gâteaux ont également été prévues.  

2^ième  étape

Très vite, une rencontre avec l’intervenant en arts-visuels a été organisée pour mettre en place ses interventions. Nous avons fixé des priorités et réparti les rôles car un travail colossal nous attendait avec les enfants.Nous avons décidé d’un commun accord qu’il fallait travailler sur 3 films d’animation maximum. Sachant qu’il y a 24 images par seconde et qu’une chanson fait entre 3 à 5 mn (voir plus pour certaines) cela faisait entre 4320 et 7200 photos par films à prendre.

L’achat de l’appareil photo a donc été tout naturellement abordé. Pour faire des films de qualité, il faut un très bon appareil photo. La résolution des images est très importante lorsque les films doivent être projetés sur grand écran où sur un poste de télévision HD sur lesquels nos DVD allaient sans doute être visionnés. Le père d’élève que j’appellerai maintenant notre technicien montage film, nous a conseillé un appareil photo ayant une très bonne résolution. Le Canon Reflex EOS 600D objectif 18-55mm. Il faut compter entre 500€ et 600€.   

Il était indispensable d’avoir aussi un excellent trépied pour fixer l’appareil photo car pour l’enchainement des images, il ne faut aucun décalage. En effet, c’est l’enchainement de plans fixes qui va favoriser un confort visuel. Sinon, les images du film vont sauter ce qui est très désagréable pour le spectateur.

Pour le son, il faut également prévoir un très bon enregistreur. Il nous a été conseillé d’utiliser l'enregistreur numérique. 

En parallèle, je me suis documentée sur internet afin de trouver des informations sur les films d’animations. Certains collègues ont fait des sites remarquables dont vous trouverez les liens si après et qui pourront vous aider si vous vous lancer dans l’aventure. 

 J’y ai appris que sur tous les ordinateurs qui possèdent Windows, il y a un logiciel de montage vidéo de base, gratuit, qui permet de faire soit même ses propres montages : Windows movie maker. Les  élèves peuvent très facilement s’approprier cet outil pour créer les séquences animées.

Comme nous avions notre propre technicien montage film, nous n’avions pas besoin d’utiliser ce logiciel. Cependant comme cela faisait partie de mes objectifs initiaux, une séance a été faite afin que les élèves réalisent le montage du 1^er film de leur DVD en classe.

 Liens intéressants pour tout savoir sur les films d’animation

Pour  le cinéma d'animation à l'école primaire, j'ai mis directement le document PDF qui est très bien fait. On le trouve sur le site Primatice.

 3^ième  étape

 Passons maintenant au travail proprement dit avec les élèves. L’état des lieux sur les connaissances des chansons traditionnelles ayant été fait lors de la 1^ère étape. Il a fallu alors choisir les chansons qu’ils voulaient avoir dans leur DVD.

20 chansons ont été choisies. Sur ces 20 chansons, 3 films seraient réalisés dans un 1^er temps. Pour les autres, un diaporama serait inclus pendant la diffusion audio.

Précision importante : tout le projet a été réalisé en partie en classe, pendant des séances de 3h avec l’intervenant en arts-visuels, réparties sur 2 trimestres (1^er et 2^ième trimestre) tous les 15 jours environ. Mais le plus gros du travail a été fait pendant des ateliers périscolaires, pendant la pause méridienne. Il faut savoir que lorsqu’une séance photos est réalisée, on ne peut pas l’arrêter et la reprendre plus tard car les images risquent d’être décalées

En pratique, il a fallu écrire tous les story-boards des chansons choisies. Le travail réalisé sur la BD en CM1 a été fort utile. Les élèves ont réinvesti leurs connaissances.

Ils ont ensuite travaillé sur le document ci-après pour préparer et se répartir les différentes tâches. Parallèlement, tous les vendredis après-midis, ils ont travaillé en musique pour apprendre et chanter les chansons. L’enregistrement de celles-ci c’est fait progressivement tout au long de l’année.

Dans un 2^nd temps, nous avons travaillé sur le film d’animation avec tout ce qu’il faut connaître sur le cinéma. La classe a participé à Ecole et cinéma, ce qui m’a permis d’aborder différents points cinématographiques. Ceux-ci ont été complétés par les épisodes  Le truc d’arte, visionnés en classe.

Voici ces quelques petits films vidéo très bien réalisés qui permettent d’illustrer tout ce qu’il faut savoir sur la réalisation des films. Ils peuvent être montrés sans problème aux élèves.

 Le truc d'ARTE

Le scénario

Le cadre       

La profondeur de champ                

La machinerie     

Le doublage                            

Le montage1                  

Le montage2                

Ce projet m’a permis de faire travailler les élèves en plus des techniques audiovisuelles,  en français avec l’élaboration des story-boards, les mathématiques avec la gestion des comptes par la classe, le calcul du nombre d’images nécessaires pour chaque film, différentes techniques d’arts-visuels pour les décors, la musique…

Une fois les story-boards écrits, les décors ont été faits : peinture, papier déchiré, pâte à modelé, aquarelle… Tout y est passé !

Les élèves ont également travaillé avec un illustrateur de littérature jeunesse et dessinateur pour les films d’animation, François Gomès.

Il intervient dans les classes en expliquant toutes les ficelles de son métier. Il apprend aussi aux élèves différentes techniques pour dessiner. Lors de sa venue, Il a aidé les enfants à concevoir le menu de leur DVD.

Tout sur François :     

Une fois les décors prêts, les séances photos ont alors commencé. Il faut s’armer de patience car c’est très long et il y a pas mal de ratés. 2 enfants étaient chargés de comptabiliser les photos, 2 autres s’occupaient de les prendre pendant que d’autres se chargeaient de faire bouger les personnages et les autres éléments du décor. Mais, les élèves étaient tellement motivés que fin janvier, les 3 films choisis étaient terminés.

Photos des 3 premiers films d’animation réalisés

Devant la qualité de ces 3 films, les enfants ont décidé de poursuivre le projet en réalisant d’autres animations.Une nouvelle réunion a été organisée avec les familles, à la fois pour préparer notre intervention au concours Récréa’Caf prévue par le règlement de celui-ci et pour voir comment aider les enfants. Des parents ont proposé de prêter leur appareil photo et trépied. Le projet s’est alors enrichi de 3 autres appareils et les séances photos ont pu reprendre.

Au final, 11 films ont été faits et le DVD a pu être diffusé fin juin à l’école devant les élèves de la maternelle et les élèves de la classe accompagnés de leur famille. Ils ont également participé au festival Ecoles qui filment. Des extraits de leur DVD ont été projetés dans une véritable salle de cinéma pour être visionnés par d’autres enfants du département et ils ont pu admirer le travail des autres écoles dans le domaine cinématographique. Souvenir inoubliable de par la qualité du festival et la gentillesse des organisateurs.

Il faut d’ailleurs noter que si besoin, ils peuvent prêter du matériel audiovisuel pour aider tout projet.

 Ecoles qui filment :  

 Pour finir voici un lien qui vous permettra de découvrir les films ainsi que le making-off :

Et voilà!

J’espère que le petit résumé de ce projet de classe vous donnera envie de vous lancer dans l’aventure de la pédagogie de projet. Alors à vous les projets!!!