• Emmanuel Simonet, un CPC pas comme les autres!

    Présentation de l’auteur :

    Je me souviens d’une époque pas si lointaine où, lorsque l’on me demandait ce que je faisais dans la vie, je répondais : « Maître d’école ». Certains de mes collègues auraient répondu « instituteur » ou « instit’ » ou, plus conformément à leur statut, « professeur des écoles ». Pour ma part, ce n’est pas ainsi que je ressentais ma fonction. L’idée de professer ou d’instituer ne m’emballait guère, il faut bien le dire. Et les enfants m’appelaient « maître ». Or, puisque je faisais ce métier pour eux, maître je voulais bien être.

    Très tôt dans ma carrière, j’ai ressenti le besoin de prendre du recul sur mes pratiques, par le biais d’échanges, en croisant des regards. Alors ce qui devait arriver arriva, et je me suis mis en demeure de devenir formateur. Ou peut-être déformateur. Une nuance qui mérite certainement débat dont j’épargnerai cependant ici au lecteur les contours immanquablement alambiqués.

    Formateur suis-je devenu, donc. Dans ma classe, d’abord. Puis, ce besoin de recul devenant de plus en plus prégnant, j’ai quitté mes chers élèves – qui, de toute façon, finissaient par s’éloigner vers d’autres horizons – et j’ai endossé le costume du conseiller pédagogique. J’avais refermé la porte de ma classe une dernière fois, non sans avoir au préalable posé sur les lieux un ultime regard déjà gonflé de nostalgie, comme on tourne le dos à tout un pan de son existence. Je n’étais plus maître d’école. Je ne suis plus maître d’école.

    Entretemps, au cours de mes pérégrinations pédagogiques, j’avais rencontré Muriel, une autre formatrice, celle-là même qui vous offre ce blog. Je sais partager avec elle nombre de conceptions quant à la façon d’appréhender ce beau métier qu’est celui de l’enseignement. Sans doute ne sommes-nous pas forcément d’accord sur tout. Et nous ne sommes d’ailleurs pas là pour ça. Car c’est au contraire la confrontation des idées, des points de vue qui nous permet d’avancer dans la pratique de notre métier. J’ai, à ce propos, été bien souvent en désaccord avec moi-même, une situation bien éprouvante, je dois l’avouer. Cette magnifique incertitude, aussi frustrante puisse-t-elle paraître, est cependant le ciment sur lequel se construisent les processus pédagogiques les plus solides. Cela peut paraître contradictoire, à première vue, mais le questionnement perpétuel est ce qui me semble pouvoir nous préparer le mieux à tous les défis qu’il nous faut relever dès que nous entreprenons d’apprendre aux autres, d’entrer dans des schémas mentaux qui, de prime abord nous échappe. Ce qui fait que je ne suis pas un homme de méthode. Disons-le sans détour, je ne crois pas aux méthodes. Enseigner ne répond à aucun protocole figé. Parce qu’enseigner c’est répondre à une infinité de problématiques. Aussi, seule une attitude réflexive, interrogative, me semble appropriée pour s’en tirer le moins mal possible.

    Muriel, donc, m’a demandé de participer à la vie de ce blog. Ce qui est assez flatteur, je dois l’avouer. Je m’y prêterai donc dans la mesure de mes modestes moyens mais avec toujours une seule belle et grande ambition : ouvrir chez le lecteur quelques pistes de réflexions. Au moins chez ceux qui auront la patience de me lire !